Les mangues ne craignent pas les voleurs

Le sentier du Petit Serré au Tapage ?: Inscrit au programme de randopitons.re depuis longtemps, confirmé par des gramounes du village du Petit Serré, reconnu au départ par François qui avait même dégotté une vieille carte, il était temps pour nous de nous lancer dans l'aventure. Si la gramoune rencontrée un jour qui disait rejoindre sa grand-mère chaque dimanche pour une visite familiale avait encore les jambes pour refaire le pèlerinage, elle serait fortement déçue. La végétation, sans pitié, sans respect pour les gens ayant vécu là des décennies à tout envahi. Les chocas font 3 mètres de large et les galaberts ont ici les mêmes épines qu'ailleurs. Si on rajoute les éboulis franchissables, les fourmis par milliers, la chaleur, il va sans dire que cette sortie extrêmement sportive ne s'adresse qu'à la vingtaine de fous que compte la Réunion et qui se sont pas arrêtés par quelques griffures, hors sentiers où multiples hésitations. Déçus de n'avoir pas relié le Tapage il a fallu se contraindre à abandonner les recherches après avoir dépassé le sentier de l'Îlet Bleu. Il faut aussi préciser que le GPS dans ces falaises abruptes est précis à 200 mètres près !!! Un sentier partant du Tapage pourra également faire l'objet de recherches futures.

La randonnée débute au superbe village du Petit Serré, traversé lors des jonctions vers Cilaos. Quand on le traverse on pense à quelques maisons mais quand on est sur le rein qui le domine, on remarque que c'est un gros village qui possède commerces, école et grande chapelle. Un coup d'œil sur le rempart en direction de la touffe de bambous de l'Îlet Bleu peut donner l'impression qu'on y sera dans moins d'une heure. C'était le cas à l'époque où il était habité. Il en est tout autrement de nos jours. En face du parking commence le Chemin de la Place qui se termine à d'importantes touffes de bananiers ayant empiété sur l'ancien sentier. Il faut donc dénicher entre les troncs la trace qui devient immédiatement très facile à suivre même si on s'éloigne des standards d'un GRR (Photo 2). S'il était de cette qualité il y a 50 ans il était effectivement facile de rendre visite à Mémé sans trop d'efforts car ce sentier comportait une vingtaine de lacets pour grimper la falaise. Au dernier champ, on comprend vite qu'il y a longtemps qu'on ne monte plus à l'Îlet Bleu pour y cueillir mangues ou bananes. On voit depuis le village la grosse touffe de bambous qui pousse au bord mais pas les fruitiers qui sont recouverts de pestes végétales. On poursuit presque à plat dans une jungle de jouvences, de fougères et des premiers galaberts (Photo 3). Après les derniers bananiers qui deviennent sauvages par abandon, on entame la montée en cherchant des yeux le sentier (Photo 4). La montée se fait donc plus à l'instinct qu'en suivant réellement le sentier. On le rencontre de temps en temps pour le suivre sur des distances plus ou moins courtes (et non plus ou moins longues !). Il longe de manière très nette les barres rocheuses plus à l'abri de l'invasion des plantes même si tous les lieux conviennent au choca (Photo 5). Quand il disparaît dans la végétation, on reprend la montée à quatre pattes en essayant le plus possible de ne pas s'éloigner de la trace originelle (Photo 7). La comparaison des traits de la vieille carte et celle du GPS montre que c'est impossible. Il faut pourtant trouver des avantages à de telles sorties. Les panoramas sur Saint-Pierre, sur les lacets entourant le village (Photo 8), sur le Gros Morne et la Vallée du Bras de Cilaos (Photo 9) ou vers les autres îlets sur le rempart en face (Photo 10) permettent des haltes à condition de trouver un coin plat pour poser le pied. Quand on connaît tous ces îlets perdus baptisés du nom du propriétaire de l'époque, il est amusant de constater qu'on cherche à rejoindre l'Îlet Bleu en ayant en face de soi l'Îlet Rouge. Plus haut, même les portions le long des rochers ont été envahies par les bois noirs des bas ou les zépinards (Acacia farnesiana - Photo 13). Comme le long de tous les sentiers reliant un ancien îlet, on y trouve des manguiers (Photo 15). Les mangues à peine mûres donnent même l'occasion de grignoter et d'effectuer une halte pour reposer bras et jambes (Photo 16). C'est d'ailleurs au premier manguier qu'il faut retrouver le sentier qui file au sud au lieu de longer la falaise comme nous l'avons fait. Les chocas colonisés par d'énormes fourmilières a vite fait de saper le moral des participants et de contraindre à la descente sans avoir rejoint la touffe de bambous (Photo 19). Le retour s'effectue par le même trajet en prenant garde cette fois à la descente et aux cailloux tombés d'un précédent éboulis (Photo 21).
Bonne chance donc aux courageux inconscients qui poursuivront le défrichage et qui nous permettront un jour de changer les textes et photos de cette page pour une traversée hors des sentiers battus en direction des Makes ou du Tapage. Une fois défriché, on marche jusqu'à trois fois plus vite qu'avec un coupe-coupe à la main. On s'en rend d'ailleurs compte à la descente où on est étonné de revenir si vite au village.

Profil

Plan de l'itinéraire

Itinéraire

Se rendre à la Rivière et entamer la remontée vers Cilaos - Stationner au Petit Serré - Emprunter le Chemin de la place en face de la chapelle - Trouver le sentier sur la gauche et entamer la difficile remontée à l'Îlet Bleu - Faire demi-tour par le même itinéraire, à moins de retrouver le passage vers la Tapage.

Le film de Martial Bertrix

Le film de Martial qui montre en 2 mn 40 quelques idées de la sortie

Commentaire sur cette randonnée (1)

Fanch, 05/02/2018 15:01

Randonnée complétée le 17/12/2015 en 4h40

Cher Christian, je connais bien les lieux. J'ai pu retrouver le départ depuis le Tapage et arriver au sommet d'un éboulement qui a sonné le glas de cette sente il y a quelques années (suite à un incendie). Il est envisageable d'équiper sommairement cet obstacle mais le passage ensuite jusqu'à l'Ilet Bleu nécessite des heures de sabrage de pestes type vigne et galabert. Pour la partie basse, j'imagine que la végétation a du envahir de nouveau l'accès au premier plateau. Je serai ravi de revenir en ces lieux si jamais...

Christian L, 05/02/2018 14:24

Randonnée complétée le 08/12/2015 en 4h30

Fait il y a 2 ans....et depuis personne n’a posté de commentaires.Pas facile :coupe coupe nécessaire,bribes de sentier,de temps en temps de vieux balisages,certains à ne pas suivre car au lieu de monter on reste à flanc de coteau pour même redescendre dans la vallée au milieu d’une dense forêt de chocas.Belle aventure pourtant. Ma question :eh alors où en est on aujourd’hui ??? Le Tapage en vue? Des tentatives passées,à venir ? Peut-on espérer refaire un jour le parcours des gramounes qui au siècle dernier rejoignaient chaque dimanche Le Tapage au Petit Serré ? Merveilleux challenge.