Une balade historique le long du canal de l'Harmonie depuis Abondance

Difficulté
Moyen
Indice de confiance Moyen
1-Excellent: Toujours correct : j'y vais sans réfléchir, même seul.

2-Bon: Petite vérification avant de partir. Mini-problème possible sans danger : j'y vais aussi sans réfléchir, même seul.

3-Moyen: Quelques fermetures récentes, climat incertain de la région. Boue, herbes hautes et mouillées, glissades possibles, etc. J'étudie, je me renseigne avant le départ, mais j'y vais.

4-Faible: Souvent fermé, des critiques fréquentes, une végétation non domestiquée. Dangers possibles. Coupe-coupe ou corde dans le sac. À réserver aux initiés. Enfants à la maison. Ne jamais partir seul.

5-Danger/Médiocre: Trop de problèmes partout : végétation invasive, fermeture officielle, difficulté importante, sentier marron difficilement réhabilitable, éboulis, zone infrachissable, guide nécessaire, privatisation d'un passage, etc. À réserver aux aventuriers ou habitués de la découverte très sportive. Il y a d'autres circuits à effectuer avant. Je n'y vais pas.
Durée 4h
Distance 6.8 km
Type de trajet
Altitude haute-basse 296 - 255 m
Dénivelé positif 100 m
Dernière mise à jour 03/07/2024

Merci à l'association Somin Sarèt

On peut, une fois n'est pas coutume, randonner en s'instruisant et en ignorant totalement le manque de panoramas sur les pitons environnants. C'est ce que nous venons de faire avec Jean-Cyrille, le trésorier de l'association Somin Sarèt de Saint-Benoît. Il nous a fait partager, le temps de quelques heures, sa passion pour l'histoire de sa ville et de ses environs en nous montrant les découvertes de l'association le long du canal de l'Harmonie

Si La Réunion compte aujourd'hui deux usines sucrières, ce sont plus de 200 qui étaient réparties sur l'île au 19ème siècle. Généralement installées près des rivières, elles produisaient du sucre en petite quantité. A Saint-Benoît, l'usine de Beauvallon, située près de la Rivière des Roches, ne manquait jamais d'eau. Celle de l'Harmonie utilisait l'eau acheminée grâce à un canal de 8,6 km. La moitié coulait dans le fond des ravines, l'autre moitié dans le canal creusé qui les reliait entre elles. Le parcours proposé sur cette fiche longe le canal depuis Abondance jusqu'au captage supposé sur la rive droite du Grand Bras. On a la chance de trouver encore des portions creusées dans la roche, des entrées ou sorties de tunnels, hélas bouchées par les années de dépôts de terre et de racines enchevêtrées, ainsi que des ouvrages de récupération de l'eau des ravines coupées par le trajet du canal. Outre l'étude du canal, l'association a découvert des ponts à arches, des ponts cadres en pierres sèches remarquablement conservés ne nécessitant souvent que quelques minutes pour les atteindre afin de les étudier plus en détail. La dizaine d'ouvrages bordant l'itinéraire justifie l'organisation d'une courte sortie qui, même boueuse, ne laissera personne indifférent. On est surpris de l'importance des travaux réalisés à l'époque pour transporter de l'eau et cultiver quelques champs. Chaque canal ou cours d'eau devait être à l'époque accessible à tout moment pour leur entretien. Cela a permis la réalisation de multiples chemins charrettes que l'on découvre malgré leur absence sur une carte. Ils sont étonnamment bien conservés malgré le manque de passages.

La randonnée pédagogique débute au Chemin Olympe (ou de l'Abondance en fonction des cartes). Des emplacements de stationnement se situent en face de quelques cases. Partir sur le chemin en direction des champs de canne qu'on devine tout près. Le chemin passe sur un pont que l'on remarque à la ravine coulant en dessous. Descendre en rive gauche par un sentier étroit pour admirer le premier ouvrage de la journée. Le pont à une arche est encore bien solide. On remarque sur le plafond les canalisations venant des captages en amont qu'on rencontrera à maintes reprises (Photo 1). 150 m plus loin, on est attiré par le bruit d'une petite chute d'eau qui se rejoint en évitant la glissade sur les pentes du fossé. La cascade provient du trop plein de la station située plus haut. L'eau est ensuite dirigée vers le bas par un pont cadre en pierres de taille (Photo 2). Poursuivre sur la piste anciennement empierrée (Photo 3). Le chemin frôle une station de recueil des eaux et de chlorage. Franchir la prochaine ravine, presque invisible dans la végétation. Au croisement des pistes, profiter d'un petit point de vue sur la forêt départementale du Piton Papangue (Photo 4). Entamer une courte descente vers la ravine en passant devant une case abandonnée et un grand affouche. Le petit cours d'eau passe sous le chemin par un nouveau pont cadre surmonté de près de 10 mètres de mur en pierre sèche (Photo 5). Le Chemin de l'Harmonie est large, bordé de jamrosats procurant une ombre agréable. Il longe l'ancien canal disparu la plupart du temps, bouché par la terre et les feuilles. La marche y est donc rapide et agréable, sans trop de boue pour le moment. La ravine suivante est enjambée par un long tuyau au support rouillé sur lequel il vaut mieux ne pas monter. Tout près, un oratoire très fréquenté abrite tous les saints, de Saint-Expedit décapité à Saint-Antoine de Padoue. Trouver le petit sentier entre la rive gauche de la ravine et l'oratoire (Photo 6). Il mène à de nouveaux ouvrages permettant à l'eau de la ravine d'être récupérée et dirigée vers un tunnel désormais bouché (Photo 7). A quelques mètres de là, on marche dans le fond du canal étroit qui emprunte des tunnels encore en état ou de profondes tranchées creusées à main d'homme (Photo 8). D'autres portions du tunnel sont désormais inaccessibles en raison des bouchons naturels empilés année après année (Photo 9). Rejoindre alors une grosse touffe de bambous et retrouver le Chemin de l'Harmonie qui devient de plus en plus boueux (Photo 10). Il traverse de très anciennes cultures abandonnées recouvertes de cannes fourragères et de fougères. La prochaine ravine offre un nouveau pont cadre en partie rénové tout près de deux petites cascades et leurs bassins (Photo 11). Reprendre en rive gauche du ruisseau pour chercher la trace laissée par le canal en grande partie bouché mais laissant ça et là quelques traces de travaux en pierre et même un peu d'eau par endroits (Photo 12). On retrouve de nouvelles tranchées moussues qui ne sont pas encore totalement encombrées (Photo 13). Rester toujours au plus près du canal souvent difficile à deviner. Les pistes du XIXème siècle, destinées à la maintenance et au nettoyage du canal sont toujours là, parfois dévorées par les goyaviers ou jamrosats, parfois encore carrossables (Photo 14). Le canal, ou ce qui en reste, est toujours très proche. Il faut un peu d'imagination pour y voir couler l'eau quand on rencontre la gadoue, les racines ou les feuilles qui le bouchent (Photo 15). Poursuivre sur l'ancien chemin, toujours aussi plat et encore bien marqué (Photo 16). Il se termine au Chemin de l'Harmonie qu'on retrouve aux alentours du départ du trajet menant au captage des Congres. Le canal est désormais très difficile à deviner puisque les canalisations du 20ème siècle l'ont remplacé (Photo 17). On entend l'eau couler et on enjambe souvent des morceaux de tuyauteries laissées à l'abandon après réparation. Le chemin devient un sentier ordinaire (Photo 18) qui traverse plus loin de nouvelles zones anciennement cultivées (Photo 19). Les tunnels historiques ont été utilisés pour passer les canalisations venant du barrage du Grand Bras (Photo 20). Le sentier, toujours recouvert de son plafond de jamrosats peut être glissant ou rocailleux par endroits (Photo 21). Suivre encore un peu la canalisation en fonte jusqu'à la rive du Grand Bras (Photo 22). Aucun ouvrage ne marque vraiment l'emplacement du début du canal. Faire alors demi-tour et marcher jusqu'aux abords du pont enjambant le Grand Bras (Photo 23). Repérer le pont et entamer une descente très sportive sur un sentier à droite finissant en rive droite du Grand Bras près d'une haute cascade alimentant un grand bassin (Photo 24). Situé au milieu de la forêt, le pont, comportant deux arches qui dominent la cascade, est impressionnant par sa hauteur et son architecture dignes d'un viaduc ferroviaire. Remonter un peu la rivière avant de la traverser après une nouvelle cascade puis rejoindre un bassin se prêtant à la baignade mais pas à la natation (Photo 25). Remonter par un nouveau sentier escarpé longeant des parties du pont emportées par les crues. Il finit à trois vestiges de cases comportant une réserve d'eau constituée d'une partie de centrifugeuse sucrière (Photo 26). Le large sentier de gauche mène au captage des Congres. Partir à droite, franchir le pont puis reprendre le Chemin de l'Harmonie (Photo 27). Terminer la sortie historique en visitant deux nouveaux ponts-cadres sur les deux prochaines petites ravines (Photo 28). La fin du parcours emprunte le même itinéraire qu'à l'aller jusqu'au véhicule.

Balises

Pas de balisage

Profil

Plan de l'itinéraire

Site géologique  Sites géologiques, en partenariat avec Laurent Michon, laboratoire Géosciences Réunion.

Itinéraire

Depuis Saint-Benoît, rejoindre Bourbier les Bas et entamer la montée vers Abondance – Passer le village et bifurquer aussitôt à droite pour emprunter le Chemin Olympe – Stationner avant la ravine puis entamer la randonnée en suivant les pistes tout en profitant des ouvrages très nombreux dans la région – Effectuer quelques incursions en forêt pour être toujours au plus près de l'ancien canal de l'Harmonie et le suivre jusqu'au Grand Bras – Faire demi-tour en visitant cette fois les ouvrages le long du Chemin de l'Harmonie et rejoindre le point de départ.

La brochure de Somin Sarèt

Lorsque l’on marche sur les sentiers qui sillonnent les hauteurs de Saint-Benoît, on est loin d’imaginer que sous nos pieds se cache une richesse patrimoniale oubliée. Les bâtisseurs du XIXe siècle ont utilisé d'anciennes techniques de construction en pierres sèches. Ils les ont adaptées aux matériaux trouvés sur place et aux reliefs accidentés, pour bâtir des ponts qui ont résisté à une centaine de cyclones ou avalaisons. Soutenue par la Région Réunion, l’association Somin Sarèt s’investit pour que ces ouvrages d’art soient intégrés dans le patrimoine culturel matériel et immatériel réunionnais. "Nous les avons recensés, et créé une base de données que nous alimentons régulièrement. Nous partageons nos découvertes, sur les voies de communication au XIXe siècle sur Saint-Benoît, à travers une exposition, financée par la Région."
C'est ainsi que Jean-Cyrille (G) et Marc (D) ont débuté leur brochure à télécharger ICI.


Commentaires sur cette randonnée (4)

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Christian L, 04/07/2024 09:51
Randonnée complétée il y a 3 jours en 5h00

Très agréable rando à l'ombre et sur un parcours presque plat. Les captages du Grand Bras et des Congres sont vraiment à découvrir dans un décor presque idyllique.Pour la partie historique, il est vrai que la présence de notre super guide Jean-Cyrille fut un plus incontestable. A combiner avec la fiche 1089 comme le suggère Juanitarun...même si atteindre le Camp Michel est une toute autre histoire. J'ai beaucoup aimé.Merci JPG pour l'invitation et bien sûr merci à Jean-Cyrille.

Juanitarun, 03/07/2024 20:35

Combiné avec la fiche 1089, j’ai beaucoup apprécié la découverte des différents ouvrages. J’aurais aimé y aller avec un historien! Le cheminement est généralement doux, hormis la visite du pont aux doubles arches, qui demande un effort.

Martial, 02/07/2024 07:56

La sortie est extrêmement intéressante ; de part grâce a la découverte de tous ces ouvrages, souvent bien dissimulés, résistants au temps et d'une réalisation impeccable.
Nous nous plongeons pendant quelques heures dans l’histoire de cette région de l’est.
Ceux qui réaliseront la sortie sans s’intéresser à ces ouvrages pourront la trouver fade, ça reste cependant une sortie facile et agréable.

floydred, 01/07/2024 23:36

Très boueux par moment. La végétation cache parfois le sentier.

Randonnée ajoutée le : 30/06/2024