Bonne grimpette sans la tête et les épaules

Quand on visite l'Île Maurice, on remarque ça et là de hautes zones rocheuses plus ou moins verticales. La plus impressionnante de toutes, le massif de Pieter Both, ne passe pas inaperçue avec, à son sommet, un rocher qui coiffe l'un des pitons. Selon l'angle de vue, l'imposant rocher paraît instable et on en vient à s'inquiéter pour les maisons situées en bas de la pente si un jour l'idée lui venait de la dévaler. Pieter Both est le deuxième plus haut sommet de l'île Maurice. Un sentier très escarpé permet de s'en approcher au plus près en partant du stade de la Laura. S'il est comme tous les autres de la région sur les 9/10èmes du parcours, le dernier coup de rein s'avère plus dangereux pour les non initiés, surtout si les cordes installées périodiquement par les guides ne sont pas en place. Il est donc totalement déconseillé de s'y rendre si l'on souffre de vertige ou si l'on n'a pas le pied sûr. Atteindre la première difficulté décrite ci-dessous peut déjà représenter pour beaucoup une idée sportive de sortie. Une fois arrivé au col, il est conseillé de faire demi-tour et de prendre rendez-vous avec un guide pour une future ascension jusqu'au sommet. En entamant la descente de retour, il n'est pas très dangereux de prendre le sentier de gauche et de gagner le point de départ de l'ascension du rocher sommital pour vraiment se motiver avant de téléphoner au guide.

La randonnée débute au stade de la Laura offrant de nombreux emplacement de stationnement. On distingue très bien le rocher emblématique de Maurice ainsi que l'étroit canyon de Fente Brigitte (Photo 1). Contourner le stade et emprunter la piste herbeuse entre le terrain de foot et la bananeraie (Photo 2). Prendre à droite à la fin de la piste et marcher jusqu'au sentier partant sur la gauche. Il passe près de jeunes pins dans une végétation de plus en plus touffue (Photo 3). On distingue bien le col qu'on cherche à atteindre au pied de la pointe rocheuse (Photo 4). Très vite, la véritable pente se présente et ne cessera qu'au col. Le sentier, étroit et caillouteux, est bordé de goyaviers et de quelques chocas (Photo 5). Comme toujours sur l'île, aucun lacet ne vient faciliter les montées, sans doute car elles sont toujours courtes. Cela impose de fréquemment lever le pied ou mettre les mains au sol (Photo 6). On se retrouve soudain face à une coulée basaltique, unique passage pour poursuivre vers le sommet (Photo 8). Par temps sec, ces 15 mètres se passent facilement ce qui doit être différent sous la pluie (Photo 9). Il faut préciser que, plus haut, le sentier est dangereux et qu'il est vivement déconseillé de monter à Pieter Both lorsque la météo est défavorable. Le sentier alterne parties terreuses, basaltiques et roches parfois très hautes (Photo 10). Plus haut, après le seul véritable virage du sentier, on poursuit dans un nouveau fond de talweg sur d'énormes roches, parfois instables, avant de parvenir à la première barre rocheuse sur la droite (Photo 11). C'en est fini des marches obligeant à lever le genou. On se retrouve devant des blocs de plus en plus gros où il faut calmement chercher les points d'appui ou de maintien (Photo 12). Les franchissements de rochers sont beaucoup plus faciles lorsque la randonnée s'effectue après que les guides ont placé des centaines de mètres de corde (Photo 13). L'effort est violent par moments mais surmontable jusqu'à ce que l'on atteigne un nouvel obstacle basaltique de près de 10 mètres de haut, souvent rendu humide par les écoulements (Photo 14). L'endroit peut décourager et présente un réel danger si on a du mal à s'assurer. Il est temps de songer à la redescente pour les plus prudents qui reviendront après l'installation des cordes. Les autres choisiront un passage naturel sur la droite ou un peu aménagé de cailloux-marches au centre. Attention à bien avoir toujours trois points d'appui. Plus haut, après un nouveau tronçon de cailloux, on retrouve d'autres passages délicats et la pente devient de plus en plus forte. Il faut à chaque pas se méfier de la dangereuse glissade d'autant que la fin s'effectue sur de minuscules emplacements pour le bout des pieds. Heureusement, quelques herbes solides ou de petits arbustes servent au maintien (Photo 15). Dans la montée glissante, on distingue un sentier partant sur la droite vers la zone d'escalade qu'on réserve pour le retour. Poursuivre à quatre pattes jusqu'au col qu'on distingue de plus en plus. On parvient soulagé au col, heureux d'avoir réussi à passer sans les cordes. Sur la gauche, une haute falaise ne cache pas totalement le paysage vers Saint-Pierre (Photo 16). D'ici, les derniers cent mètres vers le sommet paraissent impressionnants (Photo 17). Le sentier se poursuit vers la gauche. Des marches en fer indiquent qu'on peut poursuivre de manière tout aussi sportive vers Fente Brigitte (Photo 18). Il repart aussi vers la droite en direction du rocher étroit et pointu au pied du Pieter Both (Photo 19). On peut observer le Cantin Peak au loin et Virgins Peak surplombant le rocher caractéristique du Piton Jacob qui paraît minuscule vu de cette altitude. Les panoramas vers Port Louis sont tout aussi magnifiques (Photo 20). En s'élevant un peu, on distingue plus facilement les parties rocheuses en direction de Fente Brigitte (Photo 21). La pente paraît très forte mais le sentier longeant l'arête se distingue mal (Photo 22). Après ce moment de repos à observer les environs, reprendre le chemin du retour en prenant garde cette fois à la forte descente. Le mieux est de s'accrocher aux branches (Photo 23). Quelques minutes après le col, tenter une courte aventure vers l'épaule, une portion plane où se préparent les grimpeurs avant d'entamer l'ascension (Photo 24). Reprendre la descente en profitant des paysages sur les champs et villages vers la Laura (Photo 25). Les parties glissantes jugées dangereuses à la montée sont encore plus impressionnantes (Photo 26). Une fois sur le sentier rocheux, la descente paraît interminable mais les rares paysages sur la campagne font oublier l'effort (Photo 27). L'arrivée dans les goyaviers est un soulagement car on sait qu'on va bientôt retrouver les plaques basaltiques et les pistes (Photo 28). Les derniers hectomètres sont une balade après l'effort fourni depuis plus de deux heures.

Profil

Carte

Plan de l'itinéraire

Itinéraire

En roulant sur la M3 entre Port-Louis et Quatre Bornes, sortir au rond-point près des Deux Mamelles (deux pitons caractéristiques) et prendre la B49 en direction de Beau Bois – Avant de traverser un affluent de la River Möka, prendre à droite la route de la Laura par un angle assez fermé – A la Laura, prendre à droite en direction de Malenga et stationner au stade – Suivre la piste puis poursuivre sur un sentier à plat puis en forte montée en direction du sommet – Une fois au col entre le sommet rocheux et Fente Brigitte, faire demi-tour par le même itinéraire.

La légende de Pieter Both

Parmi les légendes, il est celle d'un laitier très pauvre qui habitait au fond de la vallée. Un jour qu'il allait chercher du lait, il s'égara dans la forêt, se coucha au pied d'un rocher pour la nuit et s'endormit. Des fées lui apparurent et lui proposèrent d'assister chaque soir à un spectacle de chant et danse qu'aucun mortel n'avait jamais vu. Pour cela, il fallait promettre de ne rien révéler au risque d'être changé en pierre. Mais un soir, il parla du secret à ses amis, aussitôt la terre trembla et il disparut. Cet énorme rocher au sommet de la montagne est tout ce qui reste du pauvre laitier.

Commentaires sur cette randonnée (6)

Martial, 06/01/2024 17:36

Randonnée complétée le 08/12/2023

Tous randonneurs un peu aventureux et curieux se doit de réaliser cette marche menant sur l’épaule du Peter Both afin d’en embrasser la légende ; la poursuite de l’escalade sur la tête sera le plus de cette fabuleuse sortie, à classer dans ses favoris. Une fois en haut, vous vous imprègnerez de l’énergie fournie par l'île.
La montée est sévère, et à certaines périodes de l’année, des cordes sont en places, installées par les guides pour leurs clientèles. Utilisez-les ou pas, sur certains passages, j’ai préféré ne pas le faire car elles sont souvent installées sur les rochers et un passage préférable peut se trouver à côté.
Une fois parvenu sur l’épaule, si vous tentez l’ascension sur la tête, aidez vous des cordes, si elles sont en place, sinon, utilisez les équipements en place pour monter, pas de 4 très exposés ; bien sûr, équipez-vous de harnais, descendeurs et disposez d’une corde d’au moins 25 mètres.
Les points de vue sont grandioses.
Attention à la descente qui peut se révéler plus dangereuse que la montée, le faux pas ne pardonnera pas.
Le fer de la photo 18 est utilisé par les guides pour tirer une tyrolienne depuis la tête, sensations garanties.

Eloik, 15/01/2022 09:55

Randonnée complétée le 31/12/2021 en 2h00

Rando très intéressante qui frôle parfois l'escalade. Une ascension qui se fait en "tout droit" et qui est dangereuse par temps de pluie. Les dernières dizaines de mètres avant d'arriver au col sont très raides mais moins dangereuses qu'elles n'y paraissent. Un beau point de vue sur la gauche et également une vue à presque 360 (Si le sommet du Pieter ne cachait pas une partie) lorsqu'on va sur l'épaule par un petit sentier sur la droite)
La randonnée se fait assez rapidement, il faut néanmoins prendre son temps sur les passages délicats.

JP Goursaud, 06/02/2018 20:09

Merci Loïc pour le commentaire : Bien vu la trace, les cordes et marches métalliques (photo 14) mais circuit non publié car dépassant le cadre de la randonnée.

Loïc Abadie, 05/02/2018 22:50

J'y ai été plusieurs fois (sur la boule rocheuse tout au sommet). Pour y arriver il faut suivre une trace qui part vers la droite sur l'arête environ 100m en dessous du col, et il y a quelques passages d'escalade assez faciles (cotation 4), mais dangereux quand même donc la corde est conseillée, l'itinéraire est très bien équipé.
Une fois j'avais emmené un drone avec moi en haut (photo)
La plus belle rando de Maurice avec des vues et des sensations bien aériennes, un vrai "mini 3-Salazes" !
En N°2 le sommet de Montagne Bambou depuis Kewal Nagar, avec un peu de grimpette au sommet (mais aucun besoin de corde), comme au Cimendef. Là aussi superbes vues sur Grand Sable, les cotes Est et SE de l'île, mais aussi l'intérieur.
J'adore les randos à Maurice aussi, pas de balisage, un peu d'aventure, mais de super vues et de super moments...le GPS ou l'appli GPS smartphone est vivement conseillé !

mathijudi, 20/12/2017 17:52

Randonnée complétée le 23/11/2017 en 2h00

magnifique rando. si vous aimez la grimpette foncez. Mais comme dit précédemment ça peut être un peu dangereux.

jpv97410, 19/10/2017 18:14

Randonnée complétée le 08/10/2017 en 2h00

Pour le moment la randonnée la plus dangereuse à l'île Maurice, bien choisir son jour avant de monter voir Pieter.... et d'avoir une bonne condition physique, la montée est rude. JPG a bien décrit le parcours, y aller oui mais avec beaucoup de prudence, la vue est magnifique vu d'en haut.