De l'Îlet à Vidot au sommet du Piton Tambour

Difficulté
Très difficile
Indice de confiance Faible
1-Excellent: Toujours correct : j'y vais sans réfléchir, même seul.

2-Bon: Petite vérification avant de partir. Mini-problème possible sans danger : j'y vais aussi sans réfléchir, même seul.

3-Moyen: Quelques fermetures récentes, climat incertain de la région. Boue, herbes hautes et mouillées, glissades possibles, etc. J'étudie, je me renseigne avant le départ, mais j'y vais.

4-Faible: Souvent fermé, des critiques fréquentes, une végétation non domestiquée. Dangers possibles. Coupe-coupe ou corde dans le sac. À réserver aux initiés. Enfants à la maison. Ne jamais partir seul.

5-Danger/Médiocre: Trop de problèmes partout : végétation invasive, fermeture officielle, difficulté importante, sentier marron difficilement réhabilitable, éboulis, zone infrachissable, guide nécessaire, privatisation d'un passage, etc. À réserver aux aventuriers ou habitués de la découverte très sportive. Il y a d'autres circuits à effectuer avant. Je n'y vais pas.
Durée 6h30
Distance 4.1 km
Type de trajet
Altitude haute-basse 1296 - 1013 m
Dénivelé positif 500 m
Dernière mise à jour 19/01/2024

A réserver aux aventuriers

Attention : Il faut 5 heures pour effectuer l'aller-retour de 2 km depuis le kiosque jusqu'au sommet du Piton Tambour. Inutile donc de préciser que cette randonnée aventure ne s'adresse qu'aux très rares inconditionnels qui oseront la tenter.

0,4 km/h, c'est la performance à se mettre en tête avant de se lancer dans cette aventure, à effectuer à condition d'avoir déjà pratiqué d'autres randonnées difficiles proposées sur le site. Si la première partie est un classique de la région en quittant l'Îlet à Vidot pour grimper vers le kiosque bordant la forêt de cryptomerias, la deuxième est une immersion en forêt profonde demandant un très sérieux sens de l'orientation. Un sentier lontan demeure le long du rempart sous les conifères et les filaos délimitant la ligne domaniale. Il descend ensuite vers un minuscule îlet abandonné depuis un siècle, uniquement repérable à sa touffe de bambous et à quelques murets subsistant à travers les longoses et la multitude de goyaviers qui poussent si serrés par endroits que des détours de quelques mètres sont indispensables pour ne pas coincer le sac à dos. L'escalade vers l'arête qui précède la dernière montée au piton utilise autant les mains que les pieds. On remercie même ces goyaviers et longoses qui s'avèrent ici fort utiles. Si, durant la traversée, les panoramas sont rares, la récompense est assurée au sommet où l'on domine tout le cirque par un 360° très agréable. Les portions non envahies laissent deviner de multiples espèces d'arbres endémiques, dont le bois de tambour, certainement à l'origine du nom de baptême du piton.

La randonnée débute au Chemin de Terre Plate, une piste cabossée qui décourage de rouler jusqu'au château d'eau quelques centaines de mètres plus haut. Remonter cette piste jusqu'à la réserve en empruntant le sentier qui débute entre une habitation et le réservoir. La pente est tout d'abord aisée avec quelques hautes marches. Plus loin, elle s'accentue et les lacets débutent sous le couvert de quelques filaos et fanjans (Photo 1). Le sentier est bordé d'un nombre important de troènes qui envahissent lentement le cirque de Salazie comme ils l'ont déjà fait à Cilaos. Les portions plates sont rares entre les lacets mais permettent de souffler un peu (Photo 2). Les panoramas sur le cœur du cirque se multiplient avec la montée rapide. Les courbes de niveau se rapprochent et les lacets sont de plus en plus courts (Photo 3). L'effort depuis le réservoir ne dure pas 30 minutes mais les hautes marches rendent assez sportive cette montée (Photo 4). On parvient, après un dernier coup de rein en vue du kiosque implanté en bordure de rempart et de l'immense forêt de cryptomerias de Terre Plate (Photo 5). Après cette pente assez raide, bien souffler avant de poursuivre et profiter des paysages car les difficultés vont bientôt débuter ! Les vues sur Hell Bourg et le nord du Cirque de Salazie sont moins importantes que celles, bien méritées, qu'on aura au sommet du Piton Tambour (Photo 6). Tout près du kiosque, entre quatre cryptomerias, débute un sentier discret en direction de la forêt (Photo 7). Il longe le rempart au plus près et n'est pas toujours évident à suivre. Il passe tantôt dans la végétation touffue du bord de rempart sous les filaos ou entre quelques cryptomerias s'il s'en éloigne (Photo 9). On frôle une tombe souvenir avant de parvenir, plus loin, à une borne en pierre couverte de mousse (Photo 8). Ne pas quitter le couvert des filaos et cryptomerias sans avoir repéré cette petite borne de moins de 30 cm. La véritable aventure débute à cette borne ; il est temps de faire demi-tour et poursuivre vers les Sources Manouilh si l'on a des craintes et si l'on ne maitrise pas les bases de l'orientation. Effectuer une courte plongée sur les aiguilles de filaos en prenant garde à la glissade (Photo 10). Ce ne sera pas la dernière descente à effectuer le plus souvent sur les fesses pour rajouter un cinquième point d'appui (Photo 11). Il est impossible de rejoindre le Piton Tambour en suivant le rempart dominant l'Îlet à Vidot en raison d'une importante faille obligeant à partir vers l'ouest pour contourner l'écueil. Les goyaviers se multiplient et obligent à quelques slaloms en suivant une trace très ancienne et TRES difficile à deviner (Photo 12). Fort heureusement, elle apparaît parfois au moins pour rassurer sur le bon itinéraire (Photo 13). Certains obstacles sont acrobatiques mais se passent aisément (Photo 14). Les goyaviers, déjà très serrés les uns contre les autres, sont complétés bientôt par les longoses et quelques touffes de fougères sèches remplissant de déchets végétaux poches du sac et vêtements (Photo 15). On parvient, après une forte descente, à une grosse touffe de bambous. Il faudra la contourner presque totalement pour poursuivre en direction de la ravine. Des vestiges de murets, servant d'enclos ou de délimitation de parcelles cultivées à une époque très lointaine, se devinent près des bambous (Photo 16). Poursuivre sur un sentier totalement disparu qui plonge littéralement vers un petit affluent du Bras Marron (Photo 17). La zone est très humide, favorisant la pousse de longues mousses accrochées aux goyaviers qui sont du plus bel effet par temps ensoleillé (Photo 18). La petite ravine est elle-même cachée dans ces longues mousses. Suivre le lit vers l'aval sur quelques dizaines de mètres afin de contourner une barre rocheuse dont a du mal à distinguer la roche (Photo 19). La remontée vers le piton est sportive, comporte des pentes imposant de s'accrocher aux goyaviers, longoses ou sabres marrons bien placés sur le bord de la très étroite trace qu'il faut parfois dégager par quelques coups de sabre. La végétation comporte de plus en plus de bois de couleurs où l'on devine bois de piment, bois de tambour, bois de rempart et toutes sortes d'orchidées (Photo 20). On se retrouve enfin après cette sérieuse escalade sur l'étroite arête qui mène au Piton Tambour en partant sur la gauche. Pas de sentier mais moins de longoses sur cette étroite bande de passage qui offre déjà de belles vues sur la région (Photo 21). Prendre garde à la position des pieds sur l'étroite arête et éviter branches ou l'irritante liane patte poule qui accroche les vêtements et ne les lâche plus. On devine bientôt le sommet du Piton Tambour qui demande tout de même près de 15 minutes pour le rejoindre (Photo 23). Les vues à 360° sont totalement dégagées pour profiter des panoramas sur le cirque (Photo 24), sur Terre Plate et sa grande forêt (Photo 25) et les flancs escarpés du Gros Morne (Photo 26). En face, le Piton d'Anchain semble à la même hauteur malgré ses 100 mètres de plus. Ne pas manquer, sous les cryptomerias de Terre Plate, la cascade du Bras Sec dont les eaux sont captées au pied de la chute. Entamer le chemin inverse en prenant garde dans les descentes devenues plus dangereuses que leur montée. Profiter d'un dernier regard vers le Piton Tambour avant de parvenir à la touffe de bambous (Photo 28). Avec la reconnaissance du terrain, les quelques coups de machette et l'habitude de ce milieu, le retour s'effectue plus rapidement que l'aller. La descente vers l'îlet à Vidot, très pentue, semble une autoroute de promenade, plus de six heures après le départ.

Balises

Pas de balisage

Profil

Plan de l'itinéraire

Pique-nique  Tables à pique-nique, en partenariat avec Carte de La Réunion.

Itinéraire

Se rendre à Saint-André puis à Salazie - Poursuivre vers Hell-Bourg puis l'Îlet à Vidot - Tourner à gauche au Chemin Manouilh et stationner aux alentours du départ du circuit vers les Sources Manouilh - Débuter par la piste et continuer par le sentier débutant au château d'eau - Atteindre le kiosque en bordure de rempart - Trouver le sentier dans les cryptomerias puis entamer la lente et difficile traversée jusqu'au sommet du Piton Tambour - Le retour emprunte le même itinéraire.


Commentaire sur cette randonnée (1)

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Walking Dog 974, 24/01/2022 22:43
Randonnée complétée le 19/01/2022 en 6h30

Bonjour. Lorsque j’ai été cordialement invité à cette rando-aventure, je ne peux pas dire que j’y étais allé tambour battant, ne voulant surtout pas être un poids mort pour l’équipe ou un tambour percé (c’est selon).
Mais je ne voulais non plus raisonner comme un tambour lol !
Donc j’ai dit oui, même sans certitude claironnante ou même roulement de tambour ;
un bien meilleur randonneur que moi m’avait conseillé dernièrement de sortir de ma « zone de confort », eh bien ! Nous étions en plein dans le sujet ! Ce fut l’occasion !

Ce fut une magnifique expérience, j’ai beaucoup aimé ! Je m’en souviendrai.

Avec un groupe de qualité comme celui que j’avais, emmené par un guide surdoué des sentiers , armé de sa machette et d’un sens de l’orientation remarquable (indispensables dans cette sente digne d’une petite jungle) et épaulé par JPG en tambour-major, j’ai vécu une matinée incroyable sportivement et émotionnellement parlant.

Tout ce qui est écrit dans la fiche (voir : itinéraire détaillé) est conforme à ce que j’ai vu et vécu . Cette randonnée n’est pas une plaisanterie.
Si la première partie jusqu’au kiosque et dans une certaine mesure le passage sous les cryptomérias jusqu’au niveau de la borne est facile (photo 1), après c’est tout autre chose : on pénètre dans une zone touffue et fortement pentue …..on descend souvent sur le postérieur, et on est content de s’arrimer à de bonnes branches vertes avant de poser un pied.
Après la touffe de bambous, et les nombreuses mousses croissant dans la petite ravine qui ravirent Christian L., l’escalade avec contournement de la barre rocheuse fut pour moi un bel exercice (j’aurais presque béni les branches auxquelles je m’agrippais, je souhaitais que la roche friable ne s’égrène pas sur nous – photos 2 ).
Pour ajouter aux émotions, quelle drôle de sensation que de saisir des branches pourries qui cèdent sans crier gare et obligent à se rattraper le plus vite possible pour ne pas chuter !
Et que dire de ces lianes « étrangleuses » qui nous ralentissaient par moments et manquaient de nous faire tomber ?

Je suis passé par des accès très peu évidents pour mes yeux peu exercés à ce type de sentier : là où je ne voyais qu’une friche inextricable, notre guide avançait sans hésiter pour nous montrer la voie. Incroyable.
Il me fit découvrir et sentir des espèces végétales que je n’avais jamais vues avant (comme le bois de piment) , et j’ai pu jauger de ses grandes connaissances botaniques.

Puis enfin, après avoir atteint l’arête et une pause respiratoire prolongée (lol) car étonnamment il faisait chaud là-haut j’ai pu apprécier à mon tour les pitons qui s’offraient à notre vue. Belle récompense ! (photos 3 et 4)

Au retour, la descente de la barre rocheuse pour rejoindre la ravine se fit avec une solide et indispensable corde qui fut très sécurisante même si je continuais à saisir certaines branches. Sacré moment aussi !

Comme Christian L. j’eus l’impression que le retour fut plus rapide et plus facile que l’aller, même si une pluie passagère nous fit penser que nous allions sortir les tambours d’eau….
Un petit détour dans la forêt nous permit de trouver des mousses originales, comme cette « mousse dodo » (photo 5)….. le reste fut une promenade, avec des vues plus ensoleillées et l’eau fraîche d’une source pour me délasser.. un retour sans tambour ni trompette mais plein de satisfactions...
Superbe marche en compagnie de sacrés marcheurs, qui aura sollicité la plupart des muscles ! Les bras les jambes et même le dos s’en souviennent !

Cher groupe, désolé pour les nombreux jurons que j’ai laissé échapper durant la marche ! Le chant du Piton Tambour ne les a pas tous couverts !

Par chance, je n’ai eu aucune chute, sauf peut-être à un moment sur l’arête sommitale du Piton Tambour, car sans m’en rendre compte je déviais du sentier et,trompé par les herbes qui le cachaient, je débutais une glissade sur le versant gauche !
Mais une grosse racine vint se loger sous mon bras droit et me retint alors que tout mon corps descendait irrésistiblement. Le tout en 1 ou 2 secondes...
Après, peut -être qu’il n’y aurait rien eu ? Je préfère ne pas le savoir…
Emotion garantie lol !

Au final , je suis très content d’avoir fait cette marche, mais je n’encouragerai personne à la faire sans un minimum de préparation et surtout pas seul ou pas équipé..



MERCI à JPG pour cette randonnée spéciale pour moi !
Randopitons ne cessera pas de me surprendre !
MERCI à notre super guide et MERCI à Christian L, exemplaire de robustesse et de longévité.

Randonnée ajoutée le : 24/01/2022